Comme chaque année, Christophe Bayard, professeur d’Histoire au collège Louise Michel, et son équipe de l’association Vive la Résistance, ont organisé à Alençon une journée de la Résistance, de la Déportation et des Droits de l’Homme. L’occasion, et la grande chance, pour les élèves présents de rencontrer une dizaine de grands témoins, anciens résistants, Français libres, déportés ou enfants cachés.

De gauche à droite sont présents Robert Créange, Jean-Jacques Auduc, Pierre Morel et Christophe Bayard.

Plusieurs séquences pédagogiques se succèdent qui permettent aux élèves d’écouter les témoignages, de participer à des ateliers mais aussi de se produire en tant qu’acteurs dans la partie spectacle préparée spécialement pour la journée.

Ce rendez-vous traditionnel, placé en plein cœur de l’année scolaire, s’inscrit également dans la préparation au Concours de la Résistance et de la Déportation dont le thème est cette année « La libération du territoire et le retour à la République ».

Le temps passe et emporte chaque année des amis venus précédemment témoigner à Alençon et auxquels nous avons rendu hommage. Nos pensées se sont tournées vers Hélène Gomez (résistante-déportée), Jacques Pigneaux de Laroche (Français libre de 1940 et ancien de la 1^ère DFL), Léon Baudon (Français libre et ancien de la 2^ème D.B.) et Casimir Broquère (Français libre et ancien de la 2^ème D.B.) disparus depuis l’année dernière.

La journée répond d’abord à notre premier objectif qui est de présenter, de la meilleure façon que nous le pouvons, le déroulement des événements qui composent cette période troublée de notre Histoire. Une première partie de témoignages est axée sur les principaux aspects de l’Occupation (antisémitisme et répression) ainsi que sur la naissance et les grandes phases de la France Libre et de la Résistance intérieure.

Vient ensuite la séquence « ateliers » où les élèves sont séparés en plusieurs groupes de travail selon des thèmes bien précis : les réseaux (avec Pierre Morel et Jean-Jacques Auduc), les mouvements, la déportation, les enfants cachés et la 2^ème D.B. du général Leclerc. Le principe est de privilégier des moments d’échanges encore plus directs avec les grands témoins présents.

Annette Lajon, jeune résistante ornaise (secteur d’Athis de l’Orne) aux côtés de Gabriel Brillant.

Dans plusieurs ateliers, l’accent était mis volontairement cette année sur le thème de la Libération. Gabriel Brillant, réfractaire au S.T.O., agent de liaison dans un groupe de résistance basé à la Ferté-Macé (Orne) a évoqué le débarquement, la bataille de Normandie puis son engagement à la Libération dans le 2^ème Bataillon de Marche de Normandie qui avait pour but de regrouper en unités officielles les résistants désirant continuer au grand jour la lutte commencée dans la clandestinité. Gabriel Brillant a également rappelé les difficultés rencontrées à la fin de la guerre mais aussi les grandes avancées « le pays était exsangue mais la libération nous avait apporté les libertés fondamentales. La presse et la radio étaient libres, il n’y avait plus de restrictions de circulation ni de réunion. Le plus important fut le rétablissement de la souveraineté du peuple, le droit de vote fut accordé aux femmes dès octobre 1944. Toutes les lois de Vichy contraires aux principes de liberté et d’égalité furent abolies ».

Jean Piétri et Raymond Fischer, anciens soldats de Leclerc au sein de la 2^ème D.B. ont évoqué les combats de l’été 1944 en Normandie et la personnalité de leur « patron » : « Leclerc était un homme bon, généreux et dur. Pour lui un soldat était d’abord un être humain ».

A plusieurs reprises, les élèves ont été acteurs de la journée. Le matin ils ont chanté avec enthousiasme la Marche de la 2^ème D.B. L’après-midi des élèves de 4^ème ont pu interpréter une série de textes et poésies préparés avec le concours de Marianne Boisgontier, comédienne au sein de la Compagnie du Grain de Sel. Des interprétations fortes et très émouvantes telles que celles de « Mourir en beauté » de Gisèle Guillemot, la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée, la dernière lettre de Olga Bancic à sa fille, « Je trahirai demain » de Marianne Cohn ou encore une très belle mise en scène intitulée « histoire d’alphabet » sur le thème des Droits de l’Homme.

Lecture de poésies et de textes par des élèves de 4ème du collège Louise Michel

Françoise Comte, résistante ornaise déportée à Ravensbrück et à Sachsenhausen puis Isabelle Choko qui a vécu l’enfer du ghetto de Lodz (Pologne) puis celui des camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen ont témoigné de la Déportation.

En conclusion de cette journée, les intervenants grands témoins ont délivré comme toujours un formidable message d’espoir aux élèves. Isabelle Choko a terminé son propos en disant « Il faut que vous sachiez construire votre vie, accepter les différences et vous enrichir de ces différences. Tout le monde a quelque chose d’important à vous apprendre. Si vous sentez la haine en vous, vous vous renfermez et vous n’êtes pas disponible à l’amour et c’est l’amour qui construit, c’est l’amour qui est à la vie ».

Robert Créange a également responsabilisé les élèves en leur disant « Il faut que vous soyez conscients de votre rôle d’homme et de femme de demain » et cité Albert Camus en disant « Qui répondrait en ce monde à la terrible obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage ? »

Et Pierre Morel a pu ajouter pour conclure « N’oubliez-pas une chose, dès que l’on touche à la liberté et à l’injustice, il vous appartiendra toujours de dire non et d’affirmer votre présence et votre volonté de lutter ».

Pierre Morel, Président du Comité d’Action de la Résistance.

Quel magnifique sentiment que celui que nous ressentons après une telle journée ! Celui d’avoir vécu une grande leçon d’Histoire vivante mais aussi la certitude que les jeunes générations en retirent beaucoup. L’expérience qui est la nôtre nous permet de l’affirmer. L’émotion se mêle à l’honneur qui nous est donné de pouvoir recevoir à Alençon, depuis tant d’années, des personnes aussi rares et exceptionnelles. Des hommes et des femmes devenus au fil du temps des amis très chers. C’est une grande chance pour nous tous et nous leur adressons un grand merci.

Christophe Bayard

Professeur d’Histoire

Vice-Président et délégué de la Fondation de la France Libre

Président de l’association Vive la Résistance

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