Notre ami Georges Baudouin, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Indochine, nous a quittés le 11 septembre dernier.
Nous publions ci-dessous le texte de l’allocution prononcée par Christophe Bayard lors de ses obsèques qui se sont déroulées le jeudi 18 septembre en l’église du Christ Roi de Courteille à Alençon.

Son premier engagement, il le fait le 13 mars 1941 à Toulon, au titre des équipages de la flotte. D’abord apprenti mécanicien, il devient rapidement canonnier.

« Georges Baudouin vient de nous quitter à l’âge de 91 ans au terme d’une vie bien remplie marquée par une constante et remarquable attitude face aux événements qui ont jalonné son existence.

Nous perdons un ancien combattant de la liberté, un grand homme que nous admirions pour son courage et son comportement quand notre pays traversait l’un des plus durs moment de son Histoire. 

Né le 28 janvier 1923, Georges Baudouin est très tôt orphelin de père.
Avec sa mère et ses deux frères, il vit à Crulai, dans l’Orne, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale. L’occupation nazie le révolte. Il est de ceux qui ne peuvent accepter cette situation et se retrouve très vite face à un choix qui lui paraît essentiel : ne pas se faire arrêter par les Allemands et continuer à faire quelque chose.
Il décide, avec un ami du même âge, de partir en vélo vers le Sud, la zone encore non occupée.
C’est le commencement d’une grande épopée et le jeune Georges, alors seulement âgé de 17 ans, ne se doute pas qu’il débute une période de douze années au service de la France. 
Son premier engagement, il le fait le 13 mars 1941 à Toulon, au titre des équipages de la flotte. D’abord apprenti mécanicien, il devient rapidement canonnier.
En février 1942, il est affecté au dépôt de Casablanca au Maroc. Les entraînements, la vie de soldat, les mois passent marqués par les victoires des Français libres aux côtés des alliés pour vaincre les Italiens puis les Allemands de l’Afrika Korps en Afrique du Nord.
A la fin de l’année 1943 survient l’opportunité de s’engager encore plus efficacement dans les combats. Ce sera sur un navire de guerre, un destroyer d’escorte de l’US Navy appelé SOMALI. Ce bâtiment qui a été construit à Philadelphie en Pennsylvanie est mis, début 1944, à la disposition des Forces Françaises Libres du général de Gaulle, devenues France Combattante.
Rattaché temporairement à l’unité de marine de Norfolk, Georges Baudouin arrive aux Etats-Unis le 14 mars 1944.
Commence une aventure exceptionnelle de près de 16 mois sur les mers et les océans du globe. Période très dure et très dangereuse de la surveillance des convois à travers l’Atlantique et la Méditerranée. De jour comme de nuit, à son poste de tireur sur le SOMALI, Georges Baudouin redoutait, comme ses compagnons d’équipage, les terribles attaques des sous-marins allemands. Son navire a même participé au débarquement de Provence le 15 août 1944 au sein de la 5ème division de destroyers d’escorte.
La victoire est gagnée, les nazis capitulent sans conditions le 8 mai 1945. Georges Baudouin est démobilisé en août de la même année et retourne dans ses foyers, c’est à dire chez sa mère à Neuilly-le-Bisson, dans l’Orne.

L’instabilité dans les colonies l’amène à retourner très vite sous les drapeaux, il reprend la mer en avril 1948.
Passage par le Maroc et l’Algérie, où il est breveté parachutiste le 30 janvier 1948. 
Affecté à la 3ème compagnie du 2ème Bataillon Etranger de Parachutistes, il débarque en Indochine, à Saïgon, en février 1949.
Pendant près de 3 ans, les opérations défilent à un rythme soutenu. Georges Baudouin parcourt la Cochinchine, le Cambodge, le centre Annam, le Tonkin. Dans ces âpres combats, les accrochages sont très fréquents et occasionnent des pertes dans d’atroces souffrances. 
Il y effectuera plus de 200 sauts et pour son attitude courageuse au combat se verra attribuer la Croix de Guerre des T.O.E. avec étoile de vermeil ainsi que la médaille coloniale avec agrafe « Extrême Orient ».

Le retour à la vie civile en mars 1953 n’est pas facile après cette période marquée par la violence et le danger permanent. Son épouse qu’il a connu d’abord comme marraine de guerre se souvient de ses difficultés à retrouver une vie normale.

Quelle période ! Douze années au service de la France, deux guerres et surtout un engagement total, courageux et très risqué. 
Une jeunesse sacrifiée pourrait-on dire. Lui ne pensait n’avoir fait que son devoir et répondu à ses convictions. 
Là aussi le sens de l’honneur, du devoir à l’égard de son pays mais aussi la défense de valeurs essentielles.

Ces dernières années ont été celles de la transmission aux jeunes que j’ai pu partager avec lui.
Pour le professeur d’Histoire et le passionné de cette période de la Résistance que je suis, côtoyer un homme tel que Georges Baudouin était un honneur et une grande chance. 
Il avait accepté de venir témoigner à de nombreuses reprises devant les élèves lors des Journées de la Résistance. Il aimait ce contact avec les jeunes qui écoutaient son témoignage, impressionnés et admiratifs. Il leur apportait beaucoup. 
Soyez-sûr Monsieur Baudouin que les jeunes sont fiers de vous.

Il était un optimiste et aimait la vie. Nous retiendrons aussi sa disponibilité, sa gentillesse et sa bonne humeur car il aimait aussi beaucoup rire en rappelant les bons moments passés, y compris pendant la guerre.

Georges Baudouin était un homme modeste, direct et simple. Très discret aussi, parfois même trop car il n’était finalement pas suffisamment connu et reconnu pour ce qu’il avait fait pour la France.
Il nous appartient de continuer à transmettre sa mémoire et ainsi à lui rendre hommage.

Merci Monsieur Baudouin. »

Affecté à la 3ème compagnie du 2ème Bataillon Étranger de Parachutistes, il débarque en Indochine, à Saïgon, en février 1949.

About the Author:

Related Posts

« Previous Retour en images sur Chambois le 23 août 2014 Reportage réalisé par France 3 durant la Route Leclerc 2014 Next »