La 11ème édition de la Journée de la Résistance, de la Déportation et des Droits de l’Homme s’est déroulée à Alençon, au collège Louise Michel, le jeudi 21 février 2013.
Organisée par Christophe Bayard, professeur d’Histoire et président de l’association Vive la Résistance, elle permet aux élèves des classes de 4ème et de 3ème d’écouter les témoignages de plusieurs « Grands témoins », anciens résistants, déportés et enfants cachés. Axée sur la transmission des valeurs de la Résistance et du souvenir de la Déportation, cette journée spéciale constitue, au travers de plusieurs séquences pédagogiques, un véritable cours d’Histoire vivante.
En outre, la plupart des témoignages s’inscrivent dans la préparation du Concours de la Résistance et de la Déportation que beaucoup d’élèves de notre établissement préparent et dont le thème est cette année « Communiquer pour résister ».
En ouverture de la journée, Robert Créange, secrétaire général de la FNDIRP, a replacé le sujet dans son contexte en évoquant la montée du nazisme, les coups de force d’Hitler dans les années trente puis la défaite de la France en mai-juin 1940. Pierre Morel, président du C.A.R. et Jean-Jacques Auduc, tous deux résistants, ont ensuite évoqué leurs parcours au sein des réseaux du S.O.E. (Special Operation Executive).
La séquence suivante sur la répression et l’antisémitisme pendant l’Occupation en France a été illustrée par les interventions poignantes de David Fuchs et de Robert Créange, tous deux enfants cachés et orphelins de déportés.
Dans la dernière partie de la matinée, les élèves sont séparés en quatre groupes de travail organisés selon plusieurs thèmes : les réseaux de Résistance, les mouvements de Résistance, la Déportation et les enfants cachés. Les invités « Grands témoins » peuvent alors répondre aux questions préparées par les élèves et compléter leurs témoignages du début de matinée.
Pierre Morel a ainsi pu présenter plus en détails son parcours durant la Seconde Guerre mondiale : les premiers contacts avec la Résistance au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand puis en Bretagne, dès la fin de 1941, avec le réseau OVERCLOUD de Joël Le Tac et le groupe dirigé par Robert Tiercery « Fred ». La liaison début 1943 avec le réseau de renseignements MARATHON-Chinchilla d’Yves Mindren puis, après l’arrestation de ce dernier et l’arrivée de François Vallée « Oscar », la formation du réseau action PARSON au sein duquel ils continuent à recueillir de l’information et organisent des terrains de parachutage à travers toute la Bretagne. Après la vague d’arrestations de novembre 1943, Pierre Morel a expliqué aux élèves combien il lui avait été difficile de rejoindre Londres, objectif atteint au mois de juillet 1944 seulement et à la quatrième tentative, en passant par l’Espagne et les geôles franquistes !
En début d’après-midi nous avons rendu hommage à Raymond Aubrac, grande figure de la Résistance, disparu le 10 avril 2012. Il nous avait fait l’honneur de venir témoigner à quatre reprises à Alençon. Nous avons associé à cet hommage plusieurs ami(e)s d’Alençon qui nous ont également quittés ces derniers mois : les résistants Jean-Louis Théobald et Jacques Vico ainsi que Gisèle Guillemot, résistante-déportée. Les témoins disparaissent mais leur souvenir et leur message ne s’effaceront jamais. Nous sommes déterminés à poursuivre leur action et convaincus que nous nous devons d’être à la hauteur de ce qu’ils nous ont transmis. Comme disait Lucie Aubrac « Résister se conjugue toujours au présent ».
Un groupe d’élèves de quatrième a ensuite interprété la pièce de théâtre de Stanislas Cotton intitulée « Le chœur noir ». Cette séquence était l’un des temps forts de la journée. Pendant plus de deux mois et avec l’aide de la comédienne Marianne Boisgontier de la compagnie « Grain de sel », les élèves ont répété ce texte, souvent très dur, une suite de phrases courtes dites par des déportés juifs. Les élèves, tout comme le public présent dans la salle, ont été très touchés par ce texte et ce qu’il implique. Ils ont compris tout ce qui s’était passé durant cette période sombre de notre Histoire et à quel point le racisme et l’intolérance pouvaient être dangereux.
Un message illustré grandeur nature avec le témoignage d’Isabelle Choko, née en Pologne en 1928, enfermée avec ses parents dans le ghetto de Lodz après l’invasion du pays par les nazis en 1939 puis déportée à Auschwitz et à Bergen-Belsen.
La journée s’est terminée avec l’évocation du programme du Conseil National de la Résistance (C.N.R.), de la victoire, de l’espérance et des Droits de l’Homme. Pierre Morel a rappelé que l’action de la Résistance a contribué efficacement à reconstruire la France après la Libération en restaurant les libertés, la démocratie et la République.
En prolongement naturel des valeurs défendues par les résistants, et en guise de conclusion, Robert Créange a appelé à combattre tous les racismes, l’islamophobie, l’homophobie, l’antisémitisme, etc.
Les résistants étaient des volontaires optimistes nous disait Raymond Aubrac, nous avons pu une fois de plus le mesurer lors de cette grande journée d’Histoire et de mémoire à Alençon.
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